La question des résultats d’analyses PFAS nous est régulièrement posée. Voici le bilan des éléments de réponses disponibles à ce jour.
Des analyses sont faites et des données sont collectées, toutefois les seuils de détection des laboratoires privés sont actuellement trop élevés pour que les résultats d’analyses de PFAS soient utiles individuellement. Pour le moment, elles ne pourraient servir qu’à détecter des cas de contamination graves (aucun résultat de cette ampleur n’a été révélé).
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) procède actuellement à des études en partenariat avec des laboratoires de recherche, qui eux ont des équipements plus précis. À l’heure actuelle, 100 % des résultats préliminaires d’analyses de biosolides dont dispose le MELCCFP sont en dessous de la norme provisoire proposée par le gouvernement fédéral. Ces résultats préliminaires sont rassurants quant à la qualité environnementale des MRF québécoises[1].
Lors d’un webinaire récent, le MELCCFP affirmait : TOUS les indicateurs sont en deçà des recommandations actuelles basées sur la protection de la santé humaine et de la vie aquatique.
À partir du travail d’acquisition de connaissances scientifiques, une stratégie sera mise en place pour détecter, surveiller et contrôler la présence des molécules problématiques. Les gouvernements devront également adopter de nouvelles normes pour réduire l’utilisation de ces composés dans les produits d’usage courant, c’est la clé pour éviter l’exposition humaine. Les connaissances scientifiques actuelles démontrent que les PFAS sont présents PARTOUT dans notre environnement : on en retrouve désormais, dans l’eau du robinet, dans les eaux d’épuration, mais aussi dans l’eau de pluie et dans le sang des humains comme des animaux sauvages.
Pourquoi la recherche ne progresse-t-elle pas plus rapidement ?
La grande famille des PFAS inclut plus de 4000 molécules
Il faut d’abord comprendre lesquelles sont présentes au Québec et lesquelles représentent un réel risque pour l’environnement et la santé humaine. Pour ce faire, des recherches, tant aux niveaux provincial, fédéral et international, sont en cours sur la toxicité des différentes formes de PFAS et de leur présence dans l’eau potable, les sols et les biosolides qui résultent de l’assainissement des eaux usées.
Les équipements actuels des laboratoires privés ne permettent pas des résultats d’analyses très précis
Nos analyses de biosolides actuellement produites par les laboratoires privés concluent toutes à une présence non détectable de PFAS. C’est-à-dire que la présence des molécules n’est pas détectée en dessous d’une certaine concentration. Lorsque de nouvelles normes seront établies, les équipements devront être améliorés ou remplacés par des plus performants afin de permettre des résultats plus précis.
Les processus d’analyse se raffinent rapidement
Les protocoles d’échantillonnage comportent également des défis importants puisqu’il est facile de contaminer les prélèvements si des précautions ne sont pas prises afin d’éviter les contacts avec les vêtements, parfums, résidus de savons… Le gouvernement travaille actuellement à définir des protocoles normés.
Sans attendre, Viridis s’est doté de son propre protocole d’échantillonnage basé sur les bonnes pratiques recommandées par les laboratoires et acheté l’équipement requis afin d’assurer la justesse des analyses des matières sous sa responsabilité.
Pourquoi les agronomes ne peuvent pas interpréter les résultats actuellement disponibles ?
Jamais les agronomes n’interprètent des résultats d’analyses chimiques sans avoir en référence des seuils, des normes ou un cadre d’analyse établis par les scientifiques et par les autorités gouvernementales. Lorsqu’ils conseillent les agriculteurs ou dans leurs responsabilités de contrôle-qualité, leur travail vise à assurer la conformité avec les règles de l’art et le cadre réglementaire. C’est la pièce manquante du casse-tête en ce moment. Toutefois, l’Ordre des agronomes est clair :
« Les avantages du recyclage des MRF pour la lutte aux changements climatiques et pour le secteur agricole québécois via la valorisation de leur potentiel fertilisant pour les cultures sont indéniables. Les alternatives que sont l’enfouissement et l’incinération ne sont tout simplement pas viables à long terme » et réitère ses demandes pour « l’établissement nécessaire de seuils sécuritaires pour les contaminants d’intérêt émergent comme les PFAS, permettant la caractérisation des boues épandues au Québec afin que les agronomes puissent faire les recommandations selon les règles de l’art. »
Source : Mémoire de l’OAQ dans le cadre de la consultation publique sur la modification du Règlement sur les exploitations agricoles (2023)
[1] Consulter les références gouvernementales : https://www.environnement.gouv.qc.ca/matieres/mat_res/fertilisantes/biosolides-pfas.htm